biscuiterie agenaise Stéphane Chezal

Actualités de La BISCUITERIE AGENAISE

Le rachat de la Biscuiterie agenaise n’a pas été du gâteau
Publié le 05/10/2022

Ancien banquier, Stéphane Chézal s’est battu pour arriver à la tête de cette entreprise, la Biscuiterie Agenaise, qui fabrique chaque année 2 millions de boîtes de pain azyme et de biscuits casher.

« Un autre monde. »

Voilà où Stéphane Chézal a eu le senti­ment d’atterrir quand, pour la première fois, il est entré dans la Biscuiterie agenaise.

L’entreprise détenue par la famille Bitone était cliente de la banque où il travaillait à Agen.

« J’étais à Paris, où j’avais un poste de chargé d’affaires pour les grandes entreprises. Ma famille étant restée ici, je suis revenu il y a deux ans, l’in­verse n’étant pas envisagea­ble. »

Même pour un natif du coin, le décrochage est brutal. Rapi­dement, le banquier s’ennuie dans une activité profession­nelle qui ronronne et lui oblige à mettre le nez dans des comp­tabilités associatives plutôt que dans celles des mastodon­tes du CAC 40.

Jusqu’à ce fameux jour de janvier 2021 où ses fonctions l’amèneront dans l’usine de fa­brications de gâteaux, ouverte en 1956 par la famille Maury, avant de se spécialiser dans la production du pain azyme et de biscuits et matsot pour la Pâque juive. La première est commercialisée sous la mar­que de l’entreprise. La seconde sous celle de « La Bienfaisante ». Cette production saison­nière est garantie casher pour Pessah par le Beth Din du Grand Rabbinat de Paris.

King Salomon

Les fours cuisaient ces fameux biscuits, dont le best­seller, le carré à l’orange, quand Stéphane Chézal a poussé les grilles de la rue Michelet.

« Ils se produisent exclusivement de décembre à mars comme on me l’a alors expliqué. Je suis al­lé dans les ateliers par curiosité. En voyant la façon de travailler des salariés, les outils, les rabbins qui contrôlaient la fabrication, j’ai ressenti quelque chose. Alors quand le comptable m’a dit que les propriétaires cherchaient à vendre, pour moi qui cherchais un challenge, c’était une chance. »

Passons sur les vicissitudes de la transaction, les pèlerinages chez les banquiers et tout le reste. Pour Chézal, goy et pro­fane de l’agroalimentaire, mais pointu dans la gestion d’entre­prises, le rachat de la Biscuite­rie n’a pas été du gâteau.

« Ni­veau challenge, j’ai été servi. Je me suis battu pour en arriver là. Un an de bataille. Tout s’est décanté quand j’ai pu enfin rencontrer Michel Emsalem, auquel a toujours été vendue la totalité de notre production de biscuits de Pessah. Il ne vou­lait pas risquer de voir l’usine fermer définitivement ses portes, alors nous nous sommes associés avec sa société King Sa­lomon qui est le distributeur exclusif dans l’Europe en­tière. »

« Niveau challenge, j’ai été servi. Je me suis battu pour en arriver là. Un an de bataille. Tout s’est décanté quand j’ai pu enfin rencontrer Michel Emsallem ».

2,7 millions d’euros

Aux manettes depuis le 9 mars, le PDG détient 60 % des parts d’une entreprise dont le chiffre d’affaires de 2,7 millions d’eu­ros est à 45 % assurés par les bis­cuits de Pâque.

« La base est là, mais tout est à faire. Ici, la communication n’a jamais été une préoccupation. Nous avons donc créé un site Internet, lan­cé la vente en directe, on va al­ler sur les réseaux. »

Cette usine, restée dans son jus, où les méthodes de travail se transmettent tel un héri­tage, sort 2 millions de boîtes par an dont 1,4 de pain azyme. Une vingtaine de salariés tra­vaille sur neuf références. Un ensemble que Chézal veut tirer de cet anonymat.

« Nous sommes leader sur un plan national, confie Stéphane Chezal. Et si nous vou­lons nous développer, ce ne sera jamais en renonçant à nos valeurs, au savoir faire.

Nous sommes des semi-­industriels, nos recettes sont sans colorant, sans conservateurs. Nos farines sont 100 % françaises. Et ça ne changera pas. Chez nous à la biscuiterie, les 40 mètres de four au gaz s’allument encore à la main. Maintenant, nous avons plu­sieurs objectifs devant nous, mais il faut se faire connaître encore plus, s’ouvrir. »

Déménagement prévu

En business, s’ouvrir cela signifie aussi s’exporter. Implantée sur le marché canadien, la Bis­cuiterie agenaise s’est donné les États-­Unis comme territoire de croissance. « Nous voulons aussi aller sur le marché israé­lien avec ‘’La Bienfaisante’’.

Une fois ces actions enclenchées, nous travaillerons sur l’élargis­sement de notre gamme, avec de nouvelles recettes, en bio ou Label rouge. Mais je le redis, sans rien changer de notre savoir-faire traditionnel. »

Il existe pour autant des élé­ ments sujets à changements. Et non des moindres. L’outil de production est sous la con­ trainte d’un déménagement dans un délai de deux ans et demi puisque la famille Bitone a l’intention de vendre le site.

« Nous n’avons acheté que le fonds et avons signé un bail précaire. Nous sommes donc à la recherche d’un terrain de 10 000 m². Ce déménagement est l’autre grand projet de la biscuiterie. Nous commençons d’ores et déjà à étudier les possibilités. »

Christophe Massenot, SUD OUEST.
c.massenot@sudouest.fr